Revue des marchés de décembre 2023
Canada vie - 4 janvier 2024
Pour le mois ayant pris fin le 31 décembre 2023
Introduction
L’humeur des investisseurs s’est améliorée en décembre en raison de l’espoir grandissant que les grandes banques centrales, dont la Réserve fédérale américaine (Fed), réduiraient les taux d’intérêt en 2024. Par conséquent, les marchés boursiers mondiaux ont progressé ce mois-ci. La Fed, la Banque du Canada (BDC), la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre (BoE) ont toutes maintenu leurs taux directeurs tels quels lors de leurs rencontres de décembre. L’inflation s’est repliée, ouvrant ainsi la voie à une baisse des taux d’intérêt. L’activité économique mondiale est cependant demeurée plutôt modeste à cause des conditions financières peu clémentes qui pèsent sur les ménages et les entreprises.
Au Canada, l’indice composé S&P/TSX s’est élevé grâce aux secteurs des soins de santé et de l’immobilier. Les actions américaines, telles que mesurées par l’indice MSCI USA, ont également prospéré. Les rendements à 10 ans des obligations gouvernementales du Canada et des États-Unis ont chuté. Les prix de l’or se sont redressés, mais celui du pétrole a reculé.
Au Canada, l’économie souffre d’un ralentissement des dépenses
Les consommateurs canadiens, malmenés par les conditions financières difficiles, ont été prudents au troisième trimestre de 2023. Le fait qu’ils aient moins dépensé a freiné la croissance économique du pays. Le produit intérieur brut (PIB) du Canada a rétréci de 1,1 % sur une base annualisée au troisième trimestre après avoir affiché une expansion de 1,4 % celui d’avant. L’usure des exportations et des dépenses des consommateurs est responsable de cette perte. En effet, les exportations ont reculé de 1,3 % au cours du trimestre, appauvries par le déclin de 25,4 % dans les expéditions de produits énergétiques qui sont contrariées par le fléchissement de l’activité économique et de la demande. Si le Canada a pu compter sur la robustesse de ses consommateurs au sortir de la pandémie, cet élan est en train de s’épuiser sous les rigueurs de l’inflation et du loyer de l’argent qui frappent beaucoup de ménages. À la suite de l’affaissement trimestriel de la croissance, la menace de récession technique persiste. Statistique Canada a rapporté qu’il n’y avait eu aucun changement dans le PIB du Canada en octobre.
La Fed envoie certains signaux quant à une possible réduction des taux d’intérêt
Lors de sa rencontre de décembre, la dernière de 2023, la Fed a gardé la fourchette des taux de ses fonds fédéraux à 5,25 % — 5,50 %. Bien que les acteurs du marché s’attendaient largement à ce statu quo, les commentaires de la Fed ont ragaillardi les investisseurs et nourri leurs espoirs qu’elle commencerait à rabaisser les taux en 2024. Considérant que l’inflation et l’économie des États-Unis ralentissent, les administrateurs de la Fed ont laissé entendre qu’il pourrait y avoir trois allégements du taux d’intérêt en 2024. Cela est venu conforter les attentes des acteurs du marché, mais aussi pousser les marchés boursiers en hausse après la rencontre.
Les autres banques centrales ont tenu à peu de choses près le même langage, si l’on exclut toutefois les déclarations ayant trait aux réductions des taux d’intérêt. Partout dans le monde, le cours de l’inflation s’est inversé, grâce en bonne partie aux mesures implacables adoptées par les banques centrales. L’Organisation de coopération et de développement économique a fait savoir que l’inflation avait rétrogradé à 5,6 % en octobre depuis 6,2 % en septembre. La BDC a conservé à 5,00 % son taux d’intérêt à un jour à sa rencontre de décembre parce que, a-t-elle dit, l’inflation et l’activité économique lâchent prise. Elle n’a cependant pas éliminé l’éventualité d’une autre hausse de taux si jamais l’inflation s’accrochait et le gouverneur Tiff Macklem a déclaré qu’il était prématuré de discuter de desserrer les taux. Outre-Atlantique, la BCE et la BoE, tout en optant pour le statu quo, affirment que ces taux d’intérêt contraignants devront rester en place encore longtemps, car l’inflation défie toujours la cible voulue.
Aux États-Unis, le maché du travail semble indécis
Bien qu’en général, tout semble indiquer que le marché du travail américain reste fort et relativement serré, des signes plus discrets montrent qu’il serait en train de se refroidir. Le Bureau of Labor Statistics des États-Unis a révélé que l’économie du pays s’était enrichie de 199 000 emplois en novembre, ce qui est au-delà des attentes et des 150 000 nouveaux emplois d’octobre. Ce gain a fait refluer le taux de chômage à 3,7 %. En apparence, ces chiffres forts pourraient inciter la Fed à conserver ses taux d’intérêt actuels. Toutefois, d’autres données attestent d’un essoufflement du marché du travail. Selon ADP, l’entreprise privée américaine aurait créé moins d’emplois en novembre qu’en octobre. Qui plus est, le nombre de postes vacants a considérablement régressé à 8,7 millions en octobre, le niveau le plus bas depuis mars 2021. Les postes offerts dans les secteurs des soins de santé et de l’industrie de la finance se sont nettement raréfiés ce mois-ci. Finalement, les mises à pied se sont multipliées en novembre, surtout du côté du commerce de détail et de l’industrie de la technologie. Ces signaux ambigus ont poussé plusieurs acteurs du marché à se demander quels en seraient les effets sur l’inflation, les décisions des banques centrales et le tonus de l’économie américaine.
En Chine, la hausse des exportations étonne
Un élément vital de l’économie chinoise a enfin repris vie en novembre, laissant ainsi entendre que la stabilité serait en vue. Les exportations chinoises ont gagné 0,5 % d’une année sur l’autre en novembre, à l’étonnement des économistes qui s’attendaient à une croissance nulle (0,0 %). Ce ressort est le premier pour la Chine depuis avril 2023 et il s’explique par la recrudescence des expéditions des produits de l’acier et de l’aluminium. Les envois vers les États-Unis ont augmenté en novembre, mais ont été en quelque sorte temporisés par la diminution des exportations vers le Japon et l’Union européenne. À l’inverse, les importations ont flanché de 0,6 % d’une année sur l’autre en novembre. De ce fait, le surplus commercial chinois s’est élargi en novembre. De bonnes exportations sont favorables à l’économie chinoise, qui a de plus affiché par ailleurs des résultats plutôt robustes et indicateurs d’une meilleure santé économique. Sur une base annuelle, les ventes au détail et la production industrielle ont beaucoup mieux fait en novembre qu’en octobre. Depuis quelques mois, l’économie de la Chine semble reprendre des forces, grâce au soutien de Beijing. En décembre, la Banque populaire de Chine (BPC) a injecté sur le marché des liquidités à court terme, par le biais de prises en pension, sa première mesure de cette sorte depuis septembre. La BPC entendait ainsi soutenir la croissance de l’activité économique de la Chine.